Relations privilégiées : le couple et la parentalité

Dans le vaste domaine des relations humaines, certaines sont particulièrement importantes. Elles nous demandent plus d'engagement, elles nous chamboulent émotionnellement, et elles sont très nourrissantes. Elles occupent un très grand rôle dans nos vies: la relation de couple et la relation parentale.

La relation de couple

Le couple est souvent synonyme d'échanges et d’amour. Mais cette relation demande de trouver un équilibre et, plus particulièrement, la juste mesure entre deux besoins parfois difficilement conciliables : être avec l'autre et être avec soi, trouver un équilibre entre « être disponible pour l’autre » et « être disponible pour soi ».

Le premier besoin - être en relation avec l’autre - est bien connu et constitue le projet de beaucoup de personnes : partager sa vie, se sentir aimé et donner son affection. C’est vrai, une relation privilégiée peut faire vivre des échanges riches et authentiques, si la confiance est suffisante. Cela dit, découvrir l'autre et se laisser aimer à son tour, surtout si on se sent vulnérable, demande beaucoup d’énergie.

Mais alors, que dire de l'autre nécessité, souvent moins reconnue : « être disponible à soi »? Et qu'entend-t-on par-là ?

En général, dans le quotidien des couples, ce besoin est nommé pudiquement "besoin de solitude". Plus concrètement, se retrouver ou « être disponible à soi » signifie renouer avec son propre rythme, s'écouter, retrouver ses « frontières ». Ce signal d’alarme indiquant qu’il est temps de se recentrer sur soi-même peut facilement passer inaperçu… Le risque est alors de se perdre, de s'oublier (ou de se fuir) trop longtemps, avec tous les dangers que cela comporte : ne pas se sentir heureux, accumuler de la rancune vis-à-vis de l’autre…

Face à ce piège, la dispute est une stratégie qu'un certain nombre de couples mettent en pratique. Suite à une accumulation de frustrations éclate une dispute … Les partenaires s’autorisent plus facilement à mettre davantage de distance entre eux : on est en froid, chacun vaque à ses occupations. C'est le moment où les deux se retranchent dans leurs propres "territoires"… Cette stratégie peut fonctionner, mais le climat est souvent hostile, avec des sentiments pesants, surtout si l'on est rancunier ou du genre boudeur. Le prix à payer pour reprendre du temps pour soi est fort élevé ; ces disputes, si elles sont répétitives, peuvent être usantes et, à terme, miner le couple.

Une autre option, beaucoup moins « coûteuse », consisterait simplement à se donner mutuellement la permission de se retirer momentanément du couple, pour se garder des moments rien que pour soi (et s’autoriser soi-même à le faire). Pour que cela se passe bien, la discussion au sein du couple est essentielle. Cette démarche devrait idéalement se faire dans les 2 sens, c’est-à-dire que les 2 membres du couple aient la même possibilité de se concentrer sur eux-mêmes. Comme chacun est différent, il est aussi normal que certaines personnes aient besoin de plus d’espace « privé », et d’autres moins. Savoir respecter cette différence dans les besoins de chacun sera une des clés du succès et de l’harmonie dans le couple. Si ceci est valable pour le couple, c’est tout aussi valable dans le cadre de la famille : chaque membre d’une famille aura besoin de son espace personnel, plus ou moins grand selon ses besoins.

La relation de parentalité

La relation parent - enfant comporte le même défi : trouver un équilibre satisfaisant (et mouvant bien sûr) entre la disponibilité au conjoint, aux enfants et la disponibilité à soi. Evidemment, un bébé de 3 mois a besoin d’une autre présence qu’un enfant de 10 ans… ou de 18 ! Mais, de manière générale et quel que soit l’âge de l’enfant, nous pouvons être confrontés à des sentiments de culpabilité à l’idée de s’occuper de soi lorsqu’on est parent. Il règne encore cet idée qu’il faut se « sacrifier » pour ses enfants. Oui, bien entendu, devenir parent signifie renoncer à une part de liberté, car l’activité « parent » requiert énormément d’énergie et de temps. Le risque est de se concentrer uniquement sur cette relation, de dépenser toute son énergie pour les enfants. La conséquence ? S’épuiser car nous ne nous « nourrissons » plus assez. Délaisser totalement son propre bien-être au profit exclusif de celui des enfants. Le second risque est d’abandonner son rôle de conjoint, de négliger son couple.

relation parentale

Et pourtant, avez-vous déjà pensé à ce que cela peut produire, chez un enfant, de voir ses parents qui ne prennent pas de temps pour eux-mêmes et leur couple ? Faut-il rappeler que les enfants apprennent énormément par le biais de ce qu’ils voient faire les adultes (et pas seulement de ce que ces derniers expriment oralement) ?

Prendre soin de soi fait donc bien partie de la mission éducative d’un parent. Réfléchir en terme de « sacrifice de soi » n’est de ce fait une bonne chose : se dire « je penserai à moi quand ils seront grands », ce n’est rendre service à personne.  Car ne pas prendre du temps pour soi-même, c’est aussi priver les enfants d’un mode d’emploi ou d’un exemple important sur lequel s’appuyer pour « mener leur barque » dans la vie. Pire, ne pas le faire, c’est risquer de les détourner du monde adulte, qui ne serait alors qu’un monde fait d’obligations, où l’on oublie l’essentiel, où l’on s’oublie. Or, un parent qui prend soin de lui, c’est un parent qui se sent mieux, et qui est davantage disponible pour sa famille. Il faudra donc jouer à l’équilibriste.

S’il fallait encore se convaincre, regardez la joie d’un enfant quand il voit son parent heureux. Le bonheur personnel ne se gagne pas au détriment de celui des enfants, mais à leur service. Il constitue une note fondamentale sur laquelle le reste de la musique va pouvoir se déployer.

Comment peut-on prendre du temps pour soi ?

Quelques pistes :

  • S’octroyer un moment pour décompresser en rentrant du travail, ou en fin de journée. Cela n’implique pas forcément de s’isoler ou de partir de la maison : lire un magazine tranquillement installé, réaliser son passe-temps (bricolage, tricot, jardinage…), écouter de la musique que l’on apprécie tout particulièrement ou encore profiter d’un bon bain peuvent suffire à se retrouver.
  • Avoir une activité « qui nous plaise » : un sport, une activité artistique, une activité de relaxation… Ce n’est pas pour rien que les activités qui aident à se retrouver et à mieux s’écouter rencontrent tant de succès (méditation, taï-chi, yoga…). Elles trouvent tout à fait leur place dans la recherche d’harmonie d’un couple ou d’une famille.
  • Réaliser des activités qui plaisent VRAIMENT à tous : en famille, ce n’est pas toujours possible d’offrir à chacun des activités personnelles toutes les semaines... Heureusement, réaliser des activités ensemble et qui plaisent à tous est la meilleure alternative : si la balade à vélo plait autant au(x) parent(s) qu’aux enfants, on y gagne sur tous les plans.
  • Enfin, n’oublions pas la force du réseau social : prendre du temps avec ses amis ou ses proches permet aussi de sortir du couple et de renouer avec soi-même : regarder un match de foot entre copains, passer un coup de fil à une amie, organiser une virée shopping ou une promenade en nature avec des amis peuvent apporter beaucoup de bien-être.

Comme dit plus haut, il vaut mieux que tout ceci se discute et se réalise dans le respect des autres membres de la famille, car le déséquilibre inverse existe : le fait de n’être disponible qu’à soi et, par-là, trop peu présent pour l’autre ou pour ses enfants va engendrer des insatisfactions et des tensions.