On fait une pause ?

Après une longue journée de travail, pour beaucoup, une autre vie commence : repas, activité physique, enfants, lessive… Entre les responsabilités professionnelles et personnelles, maîtriser l’art du changement de casquettes devient alors un challenge quotidien ! Et si l’on faisait une pause ?
L’équilibre entre vie privée et vie professionnelle fait régulièrement l’objet de questionnements. Remplir tous les rôles qui nous sont assignés (travailleurs, conjoint, parent, ami, membre…), mener de front sa carrière professionnelle, sa vie familiale, et son épanouissement personnel peut rapidement donner lieu au sentiment d’être « dépassé ». Beaucoup se plaignent de ne plus avoir « une minute à soi ». Retour sur un mal de société…
Quand le travail s’immisce à la maison
Au cours de cette dernière décennie, l’intensification de la charge de travail et la flexibilité donnée comme une solution ont forgé une culture du travail où nous sommes prêts à travailler partout et tout le temps, quitte à emporter du travail chez soi. Ainsi, les objets connectés, supposés rendre le travail plus souple et se glissant si facilement dans notre quotidien (difficile d’ignorer les notifications d’e-mail sur son smartphone), et le télétravail, bien que vu par certains comme une facilité, peuvent vite brouiller la frontière entre vie privée et vie professionnelle, rendant la perception des limites floue. En conséquences, c’est parfois difficile de s’arrêter de travailler, soit par volonté de bien faire, soit par la sollicitation de l’employeur qui en demande toujours davantage.
Le développement de soi à tout prix
Mais le travail n’est pas la seule cause de cette course sans fin. Car une fois le labeur terminé, l’adulte (mais aussi de plus en plus les enfants !) subit d’autres pressions : être heureux et s’épanouir, réussir sur tous les plans, que ce soit dans sa vie professionnelle, personnelle ou familiale. A cette fin, on nous suggère de mener toujours plus d’activités de développement personnel : « Fais du sport pour rester en forme », « Cuisine végétarien, pour la santé de la planète », « Apprends une langue en plus », « Elève bien tes enfants », « Sois heureux(se) en couple », « Avance dans ta carrière » … Toutes ces pressions individuelles et sociales sont en définitive très énergivores.
Le temps de faire une pause
Certes, la définition des limites reste un questionnement pour chacun, mais au cœur de cet équilibre tant recherché se pose la question du temps. Notre temps est consacré à « faire », à tout moment. Finalement, nous sommes toujours portés vers l’« action ». Mais qu’en est-il de notre disponibilité psychique ?
L’être humain a en effet besoin de « temps morts », c’est-à-dire de moments qui ne sont pas investis dans l’action mais dans la réflexion, la pensée, le vagabondage de l’esprit. Être constamment dans le concret nous empêche de prendre de la hauteur pour relativiser ce qui nous arrive. Digérer ce qui se passe dans nos vies, être à l’écoute de nos émotions et/ou de nos besoins.
Faire une pause pour se confronter à soi-même, se questionner et réfléchir sur son identité, ses valeurs, ses aspirations, sa quête de sens,… permet de rompre cet enlisement dans des habitudes et de nous reconnecter à nos besoins existentiels.
Alors prenons le temps de faire de VRAIES pauses. Celles où en rentrant chez soi, on décide de se poser pour réfléchir à nos rêves sans trouver que c’est futile, celles où l’on s’allonge pour lire un livre qui nourrit notre esprit sans se culpabiliser, ou simplement celles où l’on se promène en contemplant la nature… et bien d’autres encore.